Écoute mon amant L'air que ce mendiant Chante dans les rues, C'est sur cet air, vois-tu, Que tu m'es apparu. C'était au bal musette, Mon allure honnête T'avait plu, je crois Tu t'es avancé vers moi... Tu m'as dit : "Voulez-vous danser?" J'ai dit oui presque sans y penser J'ai senti contre moi ton bras ample et fort, Et j'ai tourné longtemps tout contre ton corps, La musique a soudain cessé Tu m'as dit : "On va recommencer" Et pour rester encore contre toi, bercée, J'ai dit oui, sans presque y penser. Ce fut ta chambre sombre Nous étions deux ombres Dans la nuit immense, J'étais là sans défense, En toi j'avais confiance. Je vis au fond du cœur Que l'amour vainqueur Nous dictait sa loi, Tu t'es avancé vers moi... Tu m'as dit... Là tu n'as rien dit. Je n'ai donc même pas eu à dire oui. Comme fiançailles, dans le fond Ce fut un peu court, Mais quoi, l'Amour, Le vrai, commence par l'Amour! Et depuis ce soir-là ma vie Est un bal qui n'est jamais fini, Et je tremble en pensant qu'il a commencé Par un oui sans presque y penser.