Judas, qu'est-ce qu'on parie que je marche sur l'eau ? Allez, fais pas le con, reste dans ce bateau. Judas, qu'est-ce qu'on parie que je meurs bras en croix ? Il n'y a que lui pour avoir des idées comme ça. Comme tout un chacun, au lieu de se saouler Quand il n'a pas le moral, il va se promener Quarante jours dans le désert, mais qu'est-ce qu'il fait ? Y a rien à voir, y a rien à boire, rien à manger. Il est un peu bohème, un peu farceur, Je le soupçonne guérisseur, Plus ça va et plus il me fait manquer d'air, On commence à me regarder de travers. Je lui dis: "Tu devrais parler plus clairement, Quand tu expliques un truc, personne ne te comprend." "En fait", m'avoua-t-il un soir de confidences, "Je suis traumatisé par ma naissance." Hier, il m'a invité à sa "colline-partie" C'est vraiment dément ce qu'il a comme amis. Il est tombé du ciel des tonnes de poissons, Où va-t-il trouver tout ce pognon ? Par contre, il faut le voir quand il fait son marché Au Carreau du Temple, la boutique d'à côté, Il a la hantise de se faire rouler, Il passe des heures à marchander. Tous les dimanches matin, on le voit s'entraîner Sur le chemin de croix du mont des Oliviers, S'il continue comme ça, il gagnera sans peine La Classique de Jérusalem. Comme il en revenait, un jour, il me fait: "Tiens, On va monter un groupe avec tous les copains." "En vérité", que j'y ai dit, "le soleil brille, Il brillerait plus encore s'il y avait des filles." Pourquoi tu me regardes comme ça ? Autour de cette table, il n'y a pas que moi. Me faire une scène à ton dernier repas, Fallait pas m'inviter si tu ne m'aimes pas. Rien qu'un morceau de pain et juste un petit verre, Alors, c'est décidé, tu repars chez ton père ? Continuez sans moi, une affaire à traiter, Je reviens pour te faire un baiser. Il était bien du genre à marcher sur les flots, À partir en mer sans bateau, Il était bien du genre à mourir bras en croix, Je ne le connaissais pas.