(Pierre Billon/Michel Sardou) Mes chers parents, je pars, je vous aime mais je pars Vous n'aurez plus d'enfant, ce soir Je n'm'enfuis pas, je vole, comprenez bien : je vole Sans fumée, sans alcool, je vole, je vole C'est jeudi, il est cinq heures cinq, j'ai bouclé une petite valise Et je traverse doucement l'appartement endormi J'ouvre la porte d'entrée en retenant mon souffle Et je marche sur la pointe des pieds Comme les soirs où je rentrais après minuit Pour ne pas qu'ils se réveillent. Hier soir à table, j'ai bien cru que ma mère Se doutait de quelque chose Elle m'a demandé si j'étais malade et pourquoi j'étais si pâle J'ai dit que j'étais très bien, tout à fait clair Je pense qu'elle a fait semblant de me croire et mon père a souri. En passant à côté de sa voiture, j'ai ressenti comme un drôle de coup Je pensais que ce serait plus dure et plus grisant Un peu comme une aventure, en moins déchirant Oh, surtout ne pas se retourner, s'éloigner un peu plus Il y a la gare et après la gare Il y a l'Atlantique et après l'Atlantique... C'est bizarre, cette espèce de cage qui me bloque la poitrine Ça m'empêche presque de respirer, je me demande si tout à l'heure Mes parents se douteront que je suis en train de pleurer Oh, surtout ne pas se retourner, ni des yeux ni de la tête Ne pas regarder derrière, seulement voir ce que je me suis promis Et pourquoi, et où, et comment ? Il est sept heures moins cinq, je me suis rendormi Dans ce train qui s'éloigne un peu plus Oh, surtout ne plus se retourner, jamais Mes chers parents, je pars, je vous aime mais je pars Vous n'aurez plus d'enfant, ce soir Je n'm'enfuis pas, je vole, comprenez bien : je vole Sans fumée, sans alcool, je vole, je vole Je n'm'enfuis pas, je vole, lala lala... Je n'm'enfuis pas, je vole, comprenez bien : je vole.