A force de frapper l'enclume, De regarder passer les lunes, Tu sais parler de nos aïeux Comme s'ils n'avaient jamais été vieux La cheminée s'étonne encore, La charrue ne s'essouffle plus, Tu ressembles à ces chercheurs d'or Qui auraient un secret de plus Ta bouche est sucrée de légendes Que l'on déguste comme un festin, Un festin qui n'est pas à vendre Mais qui se donne comme un matin Et quand l'hiver trompe l'automne Se prenant pour le printemps, Tu nous parles d'une anémone Poussée au cœur de tes vingt ans Au marécage de ton passé J'irai offrir mes pieds honteux, J'aurai enlevé de tes années, Celles qui feront de moi un vieux Puisse cette ode rester à Emile, Au plus vieux maréchal-ferrant, Puisse cette ode rester à Emile, Au petit vieux de tous les temps Quand la machine ne tourne plus, Que l'heure de l'heure du glas approche, On se chante un tout petit vin, On se boit un dernier refrain Et puis tranquille On peut partir torcher le cul Au firmament.