Dans le port de Saïgon gong Est une jonque chinoise Mystérieuse et sournoise Dont on ne sait pas le nom Et le soir dans l’entrepont Quand la nuit se fait complice Les Européens se glissent Cherchant des coussins profonds Opium! Poison de rêve Fumée qui monte au ciel C’est toi qui nous élève Aux paradis artificiels Je vois le doux visage Les yeux de mon aimée Par toi j’ai son image Dans ton nuage, fumée A l’abri du demi-jour Les lanternes qui se voilent Sont de petites étoiles Qui pâlissent tour à tour Dans le soir au parfum lourd Au gré de la fumée lente Le fumeur se représente Les plus beaux rêves d’amour Puisqu’on dit que le bonheur N’existe pas sur la terre Que l’aile de mes chimères Puisse nous conduire ailleurs Au paradis enchanteur Plein de merveilleux mensonges Dans l’ivresse de mes songes J’ai laissé prendre mon cœur