C'était un québécois, Narquois comme tout québécois, Qu'on trouva pendu l'autre fois Sous la gargouille d'un toit. Il était amoureux. Ça rend un homme bien malheureux. Écoutez son histoire un peu. Après, vous rirez mieux. La fille, lui avait dit : " Puisque tu m'aimes, Fais-moi, une chanson simple et jolie. " Le gars, à sa table, toute la nuit, Trouva, ce que je joue à l'instant même. C'était bien, mais il mit des Prouchkinovs, Des icônes, d' la Vodka, des troïkas, Et, hop et galope dans les neiges de Sibérie, Petersbourg et la Hongrie. Y avait la Nitratchka, Alex et Prokofiev, Molotov et Natacha. La fille, écouta ce méli-mélo Et dit : " C'est loin et c'est trop. " Le pauvre québécois, Pas même remis de son émoi, Se replongea dans les bémols En arrachant son col. Il était amoureux. Ça rend un homme bien courageux. Il pensa trouver beaucoup mieux Avec cet air en bleu : Blues, Tennessee, Brooklyn, California, Blues, Apple pie, Alléluia, Coca-Cola. La belle bien-aimée, En entendant ces boos-là, Fut si grandement affolée Qu'au couvent, elle entra. Le pauvre québécois, Découragé, saigné à froid, Gagna son toit par le châssis Et s'y pendit. Par les matins d'été, Quand les oiseaux vont promener, Derrière la grille du couvent, Monte ce chant troublant : " C'était un québécois Qui voulait me célébrer. Hélas, il avait oublié De me regarder. " Reste in pace.