Avec cette neige à foison Qui coiffe, coiffe ma toison On peut me croire à vue de nez Blanchi sous le harnais Eh bien, Mesdames et Messieurs C'est rien que de la poudre aux yeux C'est rien que de la comédie Que de la parodie C'est pour tenter de couper court A l'avance du temps qui court De persuader ce vieux goujat Que tout le mal est fait déjà Mais dessous la perruque j'ai Mes vrais cheveux couleur de jais C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux Et si j'ai l'air moins guilleret Moins solide sur mes jarrets Si je chemine avec lenteur D'un train de sénateur N'allez pas dire "Il est perclus" N'allez pas dire "Il n'en peut plus" C'est rien que de la comédie Que de la parodie Histoire d'endormir le temps Calculateur impénitent De tout brouiller, tout embrouiller Dans le fatidique sablier En fait, à l'envers du décor Comme à vingt ans, je trotte encore C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux Et si mon cœur bat moins souvent Et moins vite qu'auparavant Si je chasse avec moins de zèle Les gentes demoiselles Pensez pas que je sois blasé De leurs caresses, leurs baisers C'est rien que de la comédie Que de la parodie Pour convaincre le temps berné Qu'mes fêtes galantes sont terminées Que je me retire en coulisse Que je n'entrerai plus en lice Mais je reste un sacré gaillard Toujours actif, toujours paillard C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux Et si jamais au cimetière Un de ces quatre, on porte en terre Me ressemblant à s'y tromper Un genre de macchabée N'allez pas noyer le souffleur En lâchant la bonde à vos pleurs Ce sera rien que comédie Rien que fausse sortie Et puis, coup de théâtre, quand Le temps aura levé le camp Estimant que la farce est jouée Moi tout heureux, tout enjoué J'm'exhumerai du caveau Pour saluer sous les bravos C'est pas demain la veille, bon Dieu De mes adieux