Je n'ai pas suivi les chemins qui minent à Rome J'ai plus appris des arbres que des hommes Si je n'avais pas pris mes jambes à mon cou On m'aurait bientôt mis la corde au cou Prenez-moi pour un fou je m'en fous Rien ne peut déranger les rêveries du promeneur solitaire Me voici donc seul sur la terre Comme sur une planète étrangère Je n'ai plus d'ami plus de frère Pour me tendre la main J'ai pensé partir sur les mers A quoi bon puisque ma misère Je la porte dans mes artères Je suis seul comme un chien Dans ces forets où je me terre Sur ces chemins lointains où j'erre Je converse avec les fougères Qui me sont plus fidèles Que toutes ces femmes éphémères Qui m'ont promis leur vie entière Et m'ont quitté sans trop s'en faire Quand j'avais besoin d'elles Après tout tant pis si personne ne m'aime Au moins je suis en paix avec moi-même Et j'ai accepté d'en payer le prix Je me suis enfui si loin de Paris Que vos moqueries et vos railleries Ne viennent plus déranger Les rêveries du promeneur solitaire Me voici donc seul sur la terre Comme sur une planète étrangère Je n'ai plus d'ami plus de frère Pour me tendre la main J'ai rêvé d'un système planétaire D'une société égalitaire Pour tous les humains de la terre Mais j'ai rêvé pour rien Pourtant quand je regarde en arrière Vers les sommets de ma carrière Vous tous qui me jetez la pierre Vous me portiez aux nues La gloire est chose passagère Le monde est toujours à refaire Et moi j'ai mordu la poussière Je suis un homme tout nu Quant sonnera mon heure dernière Quand vous me mettrez six pieds sous terre Quand je n'aurais plus qu'à me taire Moi qui parlait trop haut Remettez a Monsieur Voltère Ce dernier mot d'un pamphlétaire Au revoir ailleurs que sur terre Signer Jean Jacques Rousseau