Vous voilà, braves gens, Aujourd'hui réunis Pour fêter dignement Mon retour au pays Y a-t-il parmi vous Quelqu'un qui se souvienne D'une femme aux yeux doux Quelque peu bohémienne ? Elle avait, m'a-t-on dit, Un profil de Madone Et vous, gens du pays, L'appeliez la Simone Mon Dieu, Monsieur, Que l' Jésus vous pardonne C'est offenser le bon Dieu Que de parler de la Simone Mais toi, le forgeron, Quand t'avais froid au corps Tu quittais ta Suzon Qu'on appelait Vent du nord Comme t'avais froid souvent T'allais vendre ton âme, Un morceau de pain blanc Te servait de sésame Et même qu'au petit jour Comme pour qu'elle te pardonne T'avais un mot d'amour En quittant la Simone Mon Dieu, Monsieur, Que le Jésus lui pardonne Ça offensait le bon Dieu Les amours de la Simone Alors, nul d'entre vous Ne se souvient un peu Si son corps était doux Si ses yeux étaient bleus ? Pour moi, me direz-vous, C'est encore mes absences Il y aura toujours un trou Un trou dans mon enfance Moi qui dois vivre ici Je crois qu'elle était bonne Nous sommes entre amis Dites-moi la Simone Mon Dieu, Monsieur, Le Jésus lui pardonne On a prié le bon Dieu À la mort de la Simone Alors, je sais déjà Qu'il faudra se saouler Pour pouvoir oublier Ce que l'on n'oublie pas Alors, je sais déjà Qu'il faudra se saouler Pour pouvoir oublier Qu'on ne s'est pas levé