De ma fenêtre, je vois Une péniche pleine De je ne sais quoi Qui remonte la Seine De ma fenêtre, je vois S'écouler les semaines Au rythme des trois "huit" De l'usine Citroën De ma fenêtre, je vois La grosse main de fer Qui du lit de la Seine Tire des poignées pleines De sable et de cailloux De ma fenêtre, je vois Une épave d'auto Volée peut-être pas Mais ce n'est pas très beau De ma fenêtre, je vois Près du kiosque à journaux Mon voisin qui s'en va Boire un verre au bistrot De ma fenêtre, je vois Un chat qui se promène Je ne le connais pas Mais je l'aime quand même Avec son air voyou De ma fenêtre, surtout Je vois l'immeuble Planté là en face de chez moi Un immeuble tout gris Qui me cache Paris Et sans lui, et sans lui Je verrais la Tour Eiffel Je verrais le pont de Grenelle Sous lequel passe la Seine Comme sous le pont Mirabeau Je me noierais dans le ciel Dans ses nuages, dans ses soleils Et m'emportera La Seine Comme elle emporte les bateaux Je verrais la Tour Eiffel Je verrais le pont de Grenelle Et m'emportera la Seine Comme elle emporte les bateaux De ma fenêtre, je vois Une péniche vide Qui redescend la Seine