La maison qui avait brûlé Pendant l'hiver et les gelées, Nous la rebâtissons déjà, Hier, nous avons posé le toit. Dans la semaine, nous aurons Fini la grange et les moissons, On nous a donné une chienne, C'est elle qui nous gardera. Je ne voudrais pas que tu viennes Avant que tout soit prêt pour toi. Ta chambre, nous l'avons placée Vers le sud, vers la vallée. Dans la cuisine il y aura Un foyer pour les feux de bois. Quand s'achèvera la saison, Petit, nous t'y réchaufferons, Et nous fermerons les persiennes Si, dehors, rôde le grand froid. Je ne voudrais pas que tu viennes Avant que tout soit prêt pour toi. Ta mère est vite fatiguée, Elle est lourde de te porter. Elle sourit, pourtant je crois Qu'elle a mal, et ne le dit pas. Heureusement des amis sont Venus nous aider, et c'est bon: Il y a Eric, Germain, Etienne, Je crois que tu les aimeras... Je ne voudrais pas que tu viennes Avant que tout soit prêt pour toi. Bien sûr le monde est en saignée, Je n'aurai pas su le changer. Mais tu viendras et tu verras, Et tu pleureras avec moi. Il nous restera la maison, Et nos troupeaux, et nos moutons, Et nous aurons tes mains, les miennes, Pour désarmer tous les pourquoi... J'aurais voulu que tu ne viennes Que dans un monde fait pour toi, J'aurais voulu que tu ne viennes Que dans un monde fait pour toi.