Dans le train de nuit, y a des fantômes Qui me sourient quand nous passons sur les prairies. Dans le train de nuit, y a des royaumes Et puis du bruit et puis Paris au bout de la nuit. Les souvenirs si tendres Viennent s'y faire entendre. J'entends. J'entends la voix des flots enchanteurs Qui font au fond de mon cœur Des sérénades. J'entends le triste appel des bateaux Et la chanson des oiseaux Sur l'esplanade. Voici le ciel peuplé De ses moutons blancs. Voici la mer troublée, Spectacle troublant. J'entends la ville qui me dit bonsoir Et moi, sur le quai de la gare, Je dis de mon mieux des mots d'adieu. Dans le train de nuit, y a des visages, Des yeux rêveurs, des cheveux blonds, des cheveux fous. Dans le train de nuit, le paysage, C'est du brouillard qui va danser dans l'air très doux. Chantent sur la rivière Les ombres familières J'entends les mots de nos rendez-vous. Le tu remplace le vous. C'est la campagne... J'entends claquer ton pas dans la rue. Quand le jour a disparu, Je t'accompagne. Voici les prés, les bois. Près de moi, tu bois. Voici la ville qui dort Dans son rêve d'or. J'entends ta voix trembler de bonheur Et j'entends battre ton cœur. Adieu, beaux jours. Adieu l'amour...