Ainsi le vieux menteur a quitté le pouvoir Et l' peuple souverain appelé à voter A choisi l'Iznogoud, le teigneux à l'œil noir Pour marcher à sa tête, pour le représenter Et l' peuple souverain, chapeau la claivoyance ! Par sa majorité librement exprimée L'a jugé respectable et méritant confiance Et digne qu'on le suive et digne d'être aimé Douce France ! Ainsi le matamore et ses rodomontades Se r'trouve enfin calife. Des années qu'il se pousse, Qu'il intrigue et grenouille planqué en embuscade Prêt à tout pour dev'nir le premier d'entre tous C'est une vie d'ambition qu'est couronnée ici Marquée par le mensonge et le mépris des lois Où la trahison est une pratique établie Où les promesses n'engagent que celui qui les reçoit Douce France ! Ainsi dans l' camp d'en face, les éléphants barissent Et poussent des cris de baronnes effarouchées Alors qu'ils sont semblables et compères et complices Plus une once d'audace, plus l'ombre d'une idée Et les ondes flagornent et la presse est muette Je veux dire qu'on n'y voit guère d'indignation Ça n'a rien d'étonnant puisque toutes les gazettes, Ou quasi, appartiennent aux marchands de canons Douce France ! Ainsi les renégats viennent à la gamelle Sans vergogne à la soupe, les v'là en rangs serrés Arrivistes et faux-culs se ramassent à la pelle Le spectacle est superbe qu'en même temps à pleurer Et le cow-boy obtus dans sa marche à la guerre Bénissant le Dieu bon, compte un allié de plus Pleurez les démunis, crevez les pauvres hères Voici le temps des brutes, le temps des parvenus La pauv' consolation que l'on pourrait avoir, Mais je ne sais s'il y a lieu de rappeler ça, C'est qu' si l' peuple est encore un couillon dans l'histoire Un cornard, un cocu, un porteur de grands bois Il n'est pour cette fois pas tout seul dans ce cas Douce France !