Rose, elle avait seize ans, c'était une gamine Elle aimait s'amuser, n'y voyait pas de mal Ses parents la gardaient comme une perle fine Elle passait la fenêtre et s'en allait au bal Elle voulait s'amuser, c'est vrai, je le répète Elle aimait les garçons, surtout pour en rêver Elle ne savait rien des envers de la fête Elle couchait parfois, mais pour se réchauffer Elle ne savait rien, j'en suis presque certaine Car sa mère disait qu'elle avait bien le temps Aussi ce fut après bon nombre de semaines Qu'elle sut que, peut-être, elle portait un enfant Elle n'y crut pas trop ou s'empêcha d'y croire Un jour, elle ne put le cacher plus longtemps Son père la chassa comme dans les histoires Et le garçon se moqua d'elle, évidemment Rose aurait bien voulu ne pas garder la chose Qu'elle désavouait de tout son corps surpris Mais il était trop tard et la métamorphose Continuait sans elle et l'effrayait aussi Quand elle se débattit pour la jeter au monde Elle dit que surtout, elle n'en voulait pas Mais on lui mit aux bras une poupée si blonde Que toute son enfance au cœur lui remonta Elle essaya de vivre et n'y fut pas habile La misère est plus dure à qui ne comprend rien Elle était isolée dans le désert des villes Et personne, jamais, ne lui tendit la main Elle ne savait pas, et vous devez me croire, Qu'un enfant, ça diffère un peu d'une poupée Et quand elle sortait, elle avait en mémoire Qu'il était dans sa boîte et qu'elle l'avait rangé Mais un jour qu'elle avait, plus fort que d'habitude, Joué à la maman et qu'il ne bougeait plus Elle a vu plus de gens que dans sa solitude Quand elle avait besoin il n'en était venu Vous allez la juger du haut de votre tête Monsieur le président et Messieurs de la cour N'oubliez pas, surtout, qu'avec nous tous vous êtes Coupables de silence et de manque d'amour Le malheur, voyez-vous, est une autre planète Et nous devrions bien la découvrir un jour