Lorsque je vous ai vue pour la première fois Vous étiez au jardin, arrosant des p'tits pois Quand je vous ai souri, vous me fîtes l'honneur De me dire "Monsieur, vous m'avez bien fait peur !" Et j'ai pensé que ce dimanche M'avait placé sur le chemin Du bonheur cueilli sous les branches Et j'ai murmuré "À demain" Vous n'êtes pas venue lundi Je vous ai attendue mardi J'ai remis ça le mercredi J'ai pensé "Peut-être jeudi ?" Et j'ai poireauté vendredi Vous n'étiez pas là samedi J'ai passé la semaine ainsi Le dimanche, j'avais saisi ! Mais comme je voulais vous revoir à tout prix J'avoue que ce retard m'avait un peu surpris Je me suis dit "Hector, faut te faire une raison !" Et je suis revenu devant votre maison Car j'ai pensé que ce dimanche Mettrait votre cœur en émoi Et j'ai attendu sous les branches En comptant les jours sur mes doigts Vous n'étiez pas là en janvier J'ai attendu tout février J'ai remis ça mars, avril, mai J'ai eu chaud de juin à juillet J'ai transpiré tout le mois d'août Vint septembre, octobre, c'est fou ! Novembre, j'ai eu froid partout En décembre j'étais à bout ! Hélas, je ne dors plus car je ne comprends pas Cette absence voulue et je me dis tout bas "Viendra-t-elle un beau soir ? Viendra-t-elle un beau jour Pour que je puisse enfin lui dire mon amour ?" En pensant au joli dimanche De la saison des petits pois J'erre comme un fou sous les branches Car depuis le doute est en moi Je vous ai attendue un an, Deux ans, trois ans, quatre ans, dix ans Vous n'étiez pas là, et pourtant ! Mes cheveux sont devenus tout blancs J'ai pris racine sur un banc Et maintenant, tout tremblotant Gaga, nono, tutu, pan-pan C'est l'éternité qui m'attend !