Il doutait d'être un grand artiste Et, l'angoisse au cœur, il peignait Des tournesols, des maisons tristes De tournoyants soirs étoilés Et des enfants naïfs et laids Un univers fait de grimaces Les cyprès, les ciels provençaux La route où nul bonheur ne passe Les blés sous les vols des corbeaux Tout flamboyait dans ses tableaux Ce pauvre dieu de pauvres diables Pourchassé par tous les gamins S'en allait seul et misérable Quand le miracle avait pris fin Jamais, jamais aucune femme Même un seul jour ne l'a aimé L'amour que cœur et corps réclament Aux filles des rues, il l'achetait Et quand un peu d'argent lui restait Jusqu'au soir où, fou de misère, Vincent Van Gogh s'est suicidé Par dénuement, ce milliardaire Qui voit de son Eternité Les prix de ses tableaux flamber Ce pauvre dieu de pauvres diables Pourchassé par tous les gamins Est parti seul et misérable Lorsque le miracle a pris fin Mais en peignant ses incendies Van Gogh sans amour et sans pain A-t-il ou non gâché sa vie Pour rien ?