Ce qui poussait toujours Vincent A peindre ces incandescents Soleils jaunes et tournoyants Tout ce qui a fait de Lautrec Cet oiseau noir claquant du bec Aux carreaux des bistrots du Tertre Et ce qui en poussa bien d'autres Gueules d'archange, gueules d'apôtre A se fuir dans tous les miroirs C'était le même désespoir Et l'homme à l'oreille coupée Me traînait toujours à ses pieds Comme la terre à ses souliers Ce qui chassait toujours Vincent Du chemin des honnêtes gens Jusque dans sa chambre aux murs blancs Tout ce qui a fait grimacer Toulouse durant des années Du même rire désespéré Et ce qui en chassa bien d'autres Gueules d'archange, gueules d'apôtre De l'aube grise jusqu'au soir C'était le même désespoir Et l'homme à l'oreille coupée Me traînait toujours à ses pieds Comme la terre à ses souliers Ce qui a crucifié Vincent Sur sa toile durant trente ans Un pinceau bleu entre les dents Et ce qui épingla Lautrec Sous les lampes comme un insecte Du Moulin Rouge à la rue Berthe Oui, ces deux-là et tous les autres Gueules d'archange, gueules d'apôtre Ont-ils enfin trouvé l'espoir De l'autre côté du miroir