Ils m'addressent leurs chansonnettes Avec au cur un fol espoir Comme si j'avais le pouvoir De faire d'eux une vedette De notre métier à facettes On ne leur montre évidemment Que le bon côté des paillettes Sous les projecteurs éclatants On se couche quand ils se lèvent Le monde est beau et souriant Et notre vie n'est plus qu'un rêve Dans leurs têtes d'adolescents L'argent l'amour les grands voyages La gloire acquise à bon marché Toute la panoplie d'usage Que dément la réalité Chanter Ce n'est pas ce qu'on vous proclame Chanter Il faut s'y jeter à tue-tête A bras le cur à fendre l'âme Avec un seul point au programme Celui de n'être sûr de rien Celui de n'être sûr de rien Avoir une santé de fer De la chance avec le talent Et cette faculté de faire Un sourire en serrant les dents En écoutant claquer les portes Sur votre nez à deux battants Penser le diable les emporte Croire en hiver à son printemps Pour une vedette miracle J'en ai tant vu depuis dix ans Depuis vingt ans encore qui raclent Leur guitare dans les beuglants Leur vie passe par des lueurs D'espoir et de reconcement On les voit marcher lentement Un ver qui leur ronge le cur Chanter Ce n'est pas ce qu'on vous proclame Chanter Il faut s'y jeter à tue-tête A bras le cur à fendre l'âme Avec un seul point au programme Celui de n'être sûr de rien Celui de n'être sûr de rien Mais si ces propos vous irritent Dans leur sombre réalité Vous allez les jeter bien vite Et n'en faire qu'à votre idée Si vous sentez du fond de l'âme Et du ventre jusqu'à vos mains Brûler cette petite flamme Contre laquelle on ne peut rien Dans l'allégresse ou la démence Vous partirez un beau matin En suivant le chemin d'errance Des saltimbanques musiciens Que vous soit belle la bohême Que soit clément votre destin Il faut vivre ce que l'on aime En payant le prix qui convient Chanter Ce n'est pas ce qu'on vous proclame Chanter Il faut s'y jeter à tue-tête A bras le cur à fendre l'âme Avec un seul point au programme Celui de n'être sûr de rien Celui de n'être sûr de rien