Je t'ai rencontrée une nuit Au détour d'un chemin perdu Qui ne conduisait nulle part, Où tu te tenais immobile En équilibre sur un fil Tendu au-dessus du hasard Et lorsque je t'ai demandé Qui tu étais, d'ou tu venais, Tu m'as répondu d'un regard : "Tu sais, je n'suis qu'effluve Et je reviens d'ailleurs..." Plus tard dans un coin de bistrot Devant un billard électrique, Tu m'as montre ta déchirure. Tu m'as dit d'étranges paroles Qui volaient comme des chauves-souris Au milieu de ta chevelure. Elles me parlaient d'inconnu, De mystérieux chemins cachés Qui montaient au-delà des murs D'un ténébreux voyage. Tu cherches au-delà des frontières Un miroir ou un cœur ouvert Pour y projeter tes fantasmes. Sautant d'une plate-forme d'autobus, Tu prends le premier train rapide Pour Marseille ou pour Amsterdam. Juste une pièce dans un Taxiphone. Mon tendre amour ne m'attends pas. Ce soir je ne rentrerai pas Et tu reprends ta route, Ton ténébreux voyage... Un jour ou l'autre, tu reviens, Un peu comme au sortir d'un rêve Dans l'inconscience du matin, Les traits tirés par la fatigue, La tête creuse, le regard vide. Tu ne sais plus ce qui se passe Et tu ne comprends plus. Tu ne comprends plus rien Le temps de te refaire les yeux, De prendre un bain et de m'aimer, Tu repenses à d'autres visages Noyés au fond d'un verre d'alcool. Tu me demandes une cigarette Et me dis d'un air un peu vague : "Mon tendre amour, ne m'en veux pas. Tu sais je ne suis à personne. Demain il faut que je reparte" Et tu reprends ta route, Ton ténébreux voyage..."