Sur un bord de rive où les pêcheurs pensent Où les bateaux passent, je l'ai rencontrée L'herbe avait fleuri de pâquerettes tendres Salies par le vent chargé de fumée On aurait bien cru, qu'assise sur la rive Le regard perdu, elle m'attendait Le vent m'a salué dans sa robe fraîche Montrant un jupon qui m'éblouissait On aura beau dire que plus rien n'étonne J'espérais un vent bien plus polisson Il est des regards que nul ne raisonne On aime à rêver quand on est garçon Sur un bord de rive où les pêcheurs pensent Où les bateaux passent, on s'est embarqués Là je l'ai drapée de feuilles et de branches Quand tout simplement elle s'est dénudée On l'aurait bien prise pour une déesse Quand sur l'eau fragile elle a tournoyé Et les cheminées des usines proches Jetèrent des fumées douces et parfumées On aura beau dire que plus rien n'étonne J'espérais au fond de ne point rêver Il est des visions que nul ne raisonne On aime à rêver quand on est garçon Sur un bord de rive où les pêcheurs pensent Où les bateaux passent, qu'il fait bon rêver Quand l'herbe est fleurie de pâquerettes tendres Quand le vent s'amuse à vous étonner