Mmm, c'est une rousse affriolante Ma belle marchande de poissons Elle a les mains un peu collantes Et le teint hâlé d'un vieux pêcheur breton Et tous les jours je la contemple Décongelant ses maquereaux J'écoute sa voix qui m'enchante Plus douce qu'un violon alto À la moule, à la moule, elle est belle, elle est fraîche, ma moule ! Oh, ça me tue Le jour, j'en rêve La nuit, j'en crève Elle me rend fou Je n'en peux plus Car cette rousse impénétrable Ne vit qu'à l'heure de la marée Ses denrées sont si périssables Qu'elle n'a jamais une minute à me consacrer Mais quelle conscience de poissonnière Elle soigne toujours ses bons clients Quand j'ai une poussée d'urticaire Elle rajoute un citron gratuitement À la moule, à la moule, elle est belle, elle est fraîche, ma moule ! Oh, ça me tue Elle sent le large L'iode et les algues Comment lui dire Que je n'en peux plus ? Ô vous, ma rousse ininflammable Oubliez donc vos bigorneaux Mon amour est plus délectable Que la plus belle moule de Hollande ou de bouchot De sa jolie voix caressante (Ouah bada dababou do) Elle m'a dit "Ah je vois ce que vous avez Mangez de la plie ou de la limande C'est très bon pour les décalcifiés" Oh, je pêche dans les eaux troublantes De l'incommunicabilité