Vous ne m'écrivez plus de lettres d'amour tendre De vous, je ne sais plus qu'un regard, qu'une nuit Vous n'essayez plus, je crois, de me comprendre La nuit porte-douceur me parle; je suis nu Je n'ai de vos nouvelles que par des prospectus Qu'un facteur ivre apporte aux heures du matin Dans les revues de ciné, la photo vous va bien Votre œil regarde ailleurs, mon règne est à sa fin Sur des lieux de tournage, vous tournez d'autres films Le nôtre, à ce que je vois, ne passe plus en salle En province parfois, quelque cinéphile Le projette, discret, dans un ciné-forum Hollywood est bien loin dans mes pensées sauvages Et la Goldwyn-Meyer a quitté mon village Dans le rétroviseur des plus beaux souvenirs Vos cheveux blonds s'envolent à n'en plus, à n'en plus finir Mettre une croix sur tout, partir C'est donc mourir un peu à ce qu'on dit Il me semble impossible de tuer mes souvenirs Et quoi que l'on dise, ils me bercent parfois à défaut d'avenir Taxé de passéisme dans les journaux du soir J'apporte un correctif et mon droit de réponse M'autorise à vous dire que si je broie du noir C'est pour mieux apprécier la lumière derrière l'ombre