Je ne songeais pas à Rose; Rose au bois vint avec moi; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. J'étais froid comme les marbres; Je marchais à pas distraits; Je parlais des fleurs, des arbres Son il semblait dire : Après ? La rosée offrait ses perles, Le taillis ses parasols; J'allais; j'écoutais les merles, Et Rose les rossignols. Je ne songeais pas à Rose; Rose au bois vint avec moi; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. Moi, seize ans, et l'air morose. Elle vingt; ses yeux brillaient. Les rossignols chantaient Rose Et les Merles me sifflaient. Rose, droite sur ses hanches, Leva son beau bras tremblait Pour prendre une mûre aux branches Je ne vis pas son bras blanc. Je ne songeais pas à Rose; Rose au bois vint avec moi; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. Une eau courait, fraîche et creuse, Sur les mousses de velours Et la nature amoureuse Dormait dans les grands bois sourds. Rose défit sa chaussure, Et mit, d'un air ingénu, Joli petit pied dans l'eau pure Je ne vis pas son pied nu Je ne songeais pas à Rose; Rose au bois vint avec moi; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. Je ne savais que lui dire; Je la suivais dans le bois, La voyant parfois sourire Et soupirer quelquefois. Je ne vis qu'elle était belle Qu'en sortant des grands bois sourds. - Soit; n'y pensons plus ! dit-elle, Depuis, j'y pense toujours. Je ne songeais pas à Rose; Rose au bois vint avec moi; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. La rosée offrait ses perles, Le taillis ses parasols; J'allais; j'écoutais les merles, Et Rose les rossignols. Je ne vis qu'elle était belle Qu'en sortant des grands bois sourds. - Soit; n'y pensons plus ! dit-elle, Depuis, j'y pense toujours.